Et si on parlait de désillusion?
J'en ai connu des gens parfaits couplés à des génies de la philosophie et de la littérature, dont l'intelligence vive et aiguisée avait la faculté de tout connaître sur le monde. A seulement 18 ans.
Je crois bien que c'était une des activités que je pratiquais le plus quand j'étais encore naïve et influençable : vouer une admiration surréaliste à des gens qui pouvaient me retourner le cerveau avec des discours littéraires que l'on collerait dans n'importe quel bouquin fourré à la littérature au rabais, dans laquelle il n'y a au fond ni plus ni moins qu'un assortiment de figures de style ne dépassant pas le niveau pédagogique scolaire brut que l'on donnerait en pature à un collégien lambda.
Si c'est le syndrôme de la P1 qui me fait réaliser que beaucoup de gens n'ont en fin de compte pas grand chose d'exceptionnel, alors qu'il s'empare de mon âme! Je les revois encore tous ces lycéens tout puissants qui se voyaient déjà maîtres du monde rien qu'en étant eux-mêmes, parce qu'ils étaient uniques, spéciaux, et puis que, de toute façon, l'univers avait été créé pour se prosterner devant eux quoi qu'ils fassent. Je me contenterais de reprendre l'expression d'Alex Turner pour qualifier ce genre d'histoires absoluments fantastiques écrites pour camoufler un tas d'ordures nauséabond et le rendre absolument irrésistible : "Fake Tales". Ces deux mots, simples en apparence ont une signification tellement directe et crue que je crois bien que j'en suis tombée amoureuse. Tout ce qu'ils veulent dire, c'est qu'un tas d'ordures, avant tout, ça se nettoie.
Le génie, ça se cultive. Personne ne peut prétendre être invincible sans travailler pour le devenir. Peut-être que mes mots sont cruels. Peut-être bien, oui. Mais je crois qu'ils ne reflètent pas la moitié du dégoût que m'inspirent tous ces gens qui ont voulu se vêtir de tous les morceaux de perfection que leur imagination a gentillement mis à leur disposition, juste pour se faire bien voir. Il ne suffit pas de faire une aparition tous les ans dans la vie de quelqu'un avec des airs d'évangeliste pret à changer le monde pour y garder une place à tout jamais. Une relation n'est pas basée sur l'admiration. Je l'ai toujours dit : on ne peut pas aimer ceux que l'on admire.
C'est pourquoi, aujourd'hui je me réveille en me disant que je n'en ai plus rien à foutre. J'ai toujours détesté être considérée comme un cerveau sur pattes, j'ai toujours détesté être exploitée pour aider les gens en maths ou en une quelconque matière scolaire pour n'avoir en retour qu'un merci pas vraiment pensé mais politiquement correct tout au plus. Aujourd'hui il n'y a plus de mythes ni de chimères, je n'admirerai plus que ce qui en vaut la peine, même si celà se résume à quelques chanteurs qui vacillent sous la drogue et à des personnages fictifs un peu égocentriques sur les bords.
J'en ai fini avec toutes les croyances que j'avais étant lycéenne.
"Brian, top marks for not tryin'
So kind of you to bless us with your effortlessness
We're grateful and so strangely comforted
And I wonder, are you puttin' us under?
Cause we can't take our eyes off the t-shirt and ties combination
Well see you later, innovator."
- Brianstorm, Arctic Monkeys